Épitomé, II, 1-9
II, 1. Tantale purge sa peine dans l’Hadès : il demeure immergé dans un marais, une pierre suspendue au-dessus de la tête ; il peut voir, autour de lui, des arbres lourds de fruits, qui croissent sur les rives. L’eau lui arrive au menton, mais quand il veut la boire, elle se retire ; et quand il veut cueillir un fruit, l’arbre et ses fruits sont poussés par le vent jusqu’aux nuages. Certains disent que Tantale a été puni parce qu’il révéla aux hommes les mystères des dieux, et parce qu’il donna l’ambroisie à ses compagnons.
II, 2. Brotéas, qui était un chasseur, n’honorait pas Artémis ; de plus, il déclara que le feu ne pouvait lui porter atteinte. Il perdit la raison et se jeta dans les flammes.
II, 3. Pélops, après avoir été tué et cuisiné lors du festin des dieux, ressuscita plus beau qu’avant, et, en raison de sa suprême beauté, devint l’amant de Poséidon ; ce dernier lui fit don de son char volant ; il pouvait aussi aller sur la mer, sans même mouiller les roues.
II, 4. OEnomaos, le roi de Pise, avait une fille, Hippodamie ; soit qu’il fût amoureux d’elle, comme certains le soutiennent, ou bien soit qu’il eût reçu un oracle (selon lequel il serait tué par l’époux de sa fille), personne encore ne l’avait prise pour femme. Son père n’était pas parvenu à la convaincre de coucher avec lui, et, en attendant, il tuait tous ses prétendants.
II, 5. OEnomaos détenait en effet des armes et des chevaux que lui avait donnés Arès, et il défiait dans un concours les prétendants de sa fille. Le prétendant devait emmener Hippodamie sur son char, puis se rendre jusqu’à l’Isthme de Corinthe ; OEnomaos, armé, le poursuivait ; s’il le rejoignait, il pouvait le tuer. Seul celui qui ne se serait pas fait rattraper obtiendrait la main d’Hippodamie. Et de cette façon il tua de nombreux prétendants – douze suivant certains ; il coupait leurs têtes et les plantait à l’entrée de son palais.
II, 6. Pélops à son tour demanda sa main ; Hippodamie, devant sa beauté, tomba amoureuse de lui, et elle persuada Myrtilos, le fils d’Hermès, de l’aider. Myrtilos était en effet l’aurige d’OEnomaos.
II, 7. Myrtilos l’aimait et désirait trouver grâce à ses yeux ; c’est pourquoi il ne fixa pas les clous dans les essieux des roues du char d’OEnomaos, et celui-ci perdit la course : les rênes s’enroulèrent autour de lui, il fut traîné à terre et mourut. Nombreux sont ceux qui disent qu’il fut tué par Pélops. En mourant il maudit Myrtilos, car il avait découvert sa traîtrise, appelant sa mort de la main même de Pélops.
II, 8. Ainsi Pélops épousa Hippodamie ; un jour, en compagnie de Myrtilos, ils arrivèrent en un certain endroit ; Pélops s’éloigna un moment, en quête d’eau pour sa femme qui avait soif. C’est alors que Myrtilos essaya de violer Hippodamie. Quand elle lui raconta ce qui s’était passé, Pélops précipita Myrtilos dans la mer — qui prit le nom de Myrto — près du cap Géreste. Myrtilos, alors qu’il tombait, maudit la race de Pélops.
II, 9. Pélops, cependant, atteignit l’océan, où Héphaïstos le purifia ; de retour ensuite à Pise, il monta sur le trône d’OEnomaos, après avoir conquis toute la région qui s’appelait alors Apia et Pélasgiotide, et que maintenant, de son nom, on appelle Péloponnèse.